Mariage Beninois

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Bien que les valeurs familiales et communautaires aient connu de nombreux changements, le mariage continue d’être, de l’avis de plusieurs observateurs de la société béninoise, une institution privilégiée.
Au Bénin le mariage revêt plusieurs formes et des spécificités selon les différents groupes socioculturels.
Chez les Yorouba du sud Bénin, que le choix soit fait par les futurs époux ou par leurs parents, les démarches qui amènent à l’engagement des deux familles sont toujours l’oeuvre des parents, surtout des chefs de collectivités, a expliqué Mme Adjilèyé Abèkè, une gardienne de la tradition à Kétou (localité située à 160 km de Cotonou).
Le chef de la collectivité du jeune homme envoie demander la main de la jeune fille chez le chef de sa collectivité.
Après cette première démarche, les parents de la jeune fille donnent un délai de 15 jours pour réfléchir et interroger leur fille.
Ils reviennent ensuite avec 4 bouteilles de liqueurs qui sont acceptées ou rejetées selon la réponse de la jeune fille.
Le reste des discussions, jusqu’à la grande dot, se mène plus discrètement, entre les deux parties.
L’élément important de la petite dot est, souligne t-elle, le pigeon que les parents du jeune homme envoient aux jeunes de la famille de la jeune fille en vue de les amener à l’accepter dans leur clan.
D’autres personnes ajoutent à leur gré, toutes sortes de provisions faisant de cette étape une grande fête indique t-elle.
Pour la dot qui intervient quelques jours avant le mariage, les parents du jeune homme peuvent ajouter aux effets vestimentaires de la future épouse, plusieurs cadeaux, des liqueurs, le kola, le sel, le sucre et le miel qui de l’avis de plusieurs gardiens de la tradition symbolisent la vie, la paix, et la concorde.
S’agissant du mariage, c’est aux épouses des cousins et frères du jeune homme qu’incombe le devoir d’aller chercher la nouvelle épouse pour l’insérer dans la famille.
Elle est confiée après discussions à une de ses tantes, généralement la plus âgée du groupe, chargée de la guider.
Avant son entrée dans la maison conjugale, une calebasse d’eau (symbole de paix et de fécondité) est toujours versée à l’entrée.
L’étape du «contrôle du drap» pour vérifier si la mariée est arrivée vierge ou pas, de même que celle dite du «balayage», cinq jours après le mariage, sont de plus en plus rejetées par les jeunes, déplore Mme Adjibadé Amoukè, une sexagénaire qui a déjà dirigé une trentaine de mariages.
Les jeunes, précise-t-elle, acceptent de suivre les rites du mariage, mais résument de plus en plus tout, en une seule étape, celle de la dot.
La particularité chez les «Houègbonou», une lignée du royaume d’Abomey (centre du Bénin), est qu’il ne revient pas seulement aux parents du garçon d’aller négocier, mais ceux de la fille aussi peuvent le faire.
Après la négociation, des préparatifs sont engagés pour la demande de main, suivie de la dot qui consacre le mariage, indique M.
Ganhounouto Victor.
L’élément principal de la dot, explique t-il, est une petite calebasse qui porte la marque de l’oracle qui a été consulté.
Après la dot, la jeune fille est enlevée et emmenée chez son époux qui l’attendait, enfermé dans une chambre.
Même dans cette région où la tradition subsiste encore, les trois étapes sont combinées en une seule (dot) ou en deux (acte de connaissance avec les parents puis dot).
Lors de la première rencontre avec les parents, deux liqueurs importées «Houhan» (boisson venue à bord d’un bateau )et «lihan» (boisson venue par la route) en référence aux liqueurs de fabrication locale, le sel, le tabac, et les allumettes, sont les éléments essentiels de la cérémonie et suffisent à sceller l’union des deux familles.
La remise de dot qui, dans presque toutes les contrées est l’occasion de prouver son amour à la nouvelle épouse, est l’occasion d’une véritable prodigalité marquée par la distribution de cadeaux (pagnes, ustensiles) et de liqueurs à répartir entre toutes les lignées.
De toutes ces liqueurs à exposer le jour de la dot, une revêt une importance capitale, il s’agit de la marque «Du bonnet» que les Fon appellent, «Assédékon» (sous la protection du chat) comme pour dire au mari qu’il est le chat chargé de protéger en permanence sa femme.
La volaille constitue aussi un symbole clé de la cérémonie de dot et est équitablement répartie entre les deux grandes lignées de la fille, qui s’arrangent pour que l’offrande aux ancêtres se fasse le même jour.
Cette seule cérémonie suffit, explique t-on, pour consacrer le mariage.
Une enquête récente sur la famille béninoise, révèle que les valeurs appréhendées au plan historique, social et anthropologique ont connu de nombreux changements et traversent aujourd’hui, une véritable période de turbulence.
La vieille institution qui régulait la famille, bien que demeurée universelle, devient de plus en plus une affaire qui se noue d’abord entre deux individus et se dénoue par conséquent, aussi facilement, à la moindre querelle, regrettent les nostalgiques.
Le système patrilinéaire qui caractérisé la famille fait de la polygamie, une valeur sociétale de maintien, de procréation et de régulation sociale.
Elle permet à la majorité des femmes de vivre en sécurité sous le toit d’un homme souligent ses partisans.
Le Bénin, rappelle-t-on, est dans un vide juridique en ce qui concerne le mariage, depuis que la Cour constitutionnelle a rejeté en 1996, le droit coutumier du Dahomey, qui ne saurait être considéré comme un texte de loi.
Le projet de code des personnes et de la famille voté en août dernier par le parlement est également fortement critiqué par les intellectuelles qui n’y trouvent guère leur compte.
Pour Mme Boko-Nadjo, de Wildaf-Bénin, les articles relatifs au nom de la femme mariée, à l’option polygamique du mariage, au droit commun du régime matrimonial ne sont pas conformes à la constitution.
Le ministre béninois de la famille Mme Claire Houngan Ayémona, craint que l’option de polygamie retenue ne soit une porte ouverte à la polyandrie puisque le mot polygamie s’adresse aussi bien à l’homme qu’à la femme.
Me Marie-Elise Gbèdo, candidate malheureuse à la présidentielle de 2001, critique pour sa part, la disposition concernant la dot rendue obligatoire et symbolique et indique qu’elle décourage les mariages d’amour en faveur des mariages d’intérêt.

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